La fête patronale procurait une joie aux habitants du village. Les gens s’efforçaient de la fêter dignement : on invitait des amis, des parents, pour marquer l’événement annuel.
Les forains s’établissaient « au village » de chaque côté de la grande rue, depuis la bas de la « misère » jusqu’à l’extrémité de la rue principale, vers Pont à Mousson.
Les dépenses (repas améliorés, coût des manèges pour les enfants, prix des entrées du bal, etc…) avaient été prévues depuis de long mois.
Les festivités commençaient le samedi après midi (la date de la fête se rapportant au plus près de le Sainte Marie Madeleine, patronne de la paroisse). Donc samedi, le bal s’ouvrait, suivi d’un autre bal le soir. Le dimanche matin, grande messe solennelle, suivie de l’apéritif au café. Ensuite, derrière un char, tiré par deux chevaux superbement harnachés et supportant un orchestre, suivaient les jeunes gens allant porter les « livrées » dans toutes les habitations; les gens donnaient une pièce de monnaie pour se voir épingler une cocarde.
Le dimanche après midi, après un repas, disons plantureux (quelques lapins et volailles étaient sacrifiés pour ce jour), le bal était de nouveau ouvert. Beaucoup de gens des environs venaient à la « fête à Montauville », la rue était rempli de monde.
Les manèges distillaient leur musique, les tirs des carabines se faisaient entendre, les enfants couraient en tous sens; par contre certains restaient immobiles devant les manèges : ils avaient « croqué » tout leur argent, mais ils assuraient qu’ils allaient de nouveau « taper le nonon » ou « la tata ».
Le bal était installé sur la place et il fallait bon nombre de caisses de bière vide pour caler les installations et les mettre de niveau, car la place était très pentue. Le bal avait lieu à nouveau le dimanche soir jusqu’à une heure très avancée de la nuit.
Le lundi, les ouvriers ne se rendaient pas à leur travail. Ah ! Dame ! C’était la fête ! Le matin, service religieux pour les morts, l’édifice était rempli. Les défunts étaient associés à la fête, ou plutôt les habitants se rappelaient qu’ils avaient existé et qu’eux aussi, avaient célébré laSainte Marie Madeleine. A l’issue de cette messe, les participants rendaient visite au cimetière, pour prier sur les tombes. Après avoir accompli ce pieux pélérinage, tout le monde redescendait la côte pour se rendre sur la place dans un des deux cafés. Les tables étaient disposées à l’extérieur. La bonne humeur et les plaisanteries fusaient de part et d’autre.
Le lundi après midi, seuls les habitants du village se rendaient au bal, les entrées étaient offertes gracieusement par les forains. Le bal était ouvert à tous. Ensuite chacun reprenait « le collier » jusqu’au samedi suivant où la fête reprenait ses droits.
« Le relève sel » : Ainsi s’appelait le deuxième dimanche après l’ouverture.
Déjà le samedi soir, les gens avaient dansé. De nouveau, les couples tourbillonnaient sur la piste, le dimanche après-midi et soir pour ce « relève sel ». Les invités étaient repartis. Que d’instant de joie, pour moi, gamin, que ces agapes, ces divertissements, qui n’existent plus ! Nostalgie …
Cet événement, bien fêté, dissipait la grisaille, dans laquelle vivaient les habitants, en cette période, que l’on appelait « la belle époque ».