La Guerre de 30 ans en Lorraine
Guerre de 30 ans: nom donné au conflit qui ravagea l’Europe de 1618 à 1648. Ce fut un conflit d’ordre à la fois religieux et politique, dont les conséquences furent capitales pour l’Allemagne et pour l’Europe en général. D’abord guerre civile à l’intérieur des états de la maison d’Autriche, il s’étendit à tous les états allemands, puis devint une guerre européenne du fait de l’intervention successive du Danemark, de la Suède, des Provinces-unies, de l’Espagne et de la France.
Cette guerre commencée en 1618, prit fin en 1648 par le traité de Westphalie, mais elle se prolongea entre la France et l’Espagne jusqu’à la Paix des Pyrénées en 1659. Elle fut surtout menée par des chefs de mercenaires (condottieri), qui recrutaient des troupes, même parmi les criminels, et se battaient pour le compte des princes qui les payaient. Leurs bandes indisciplinées, sillonnèrent l’Allemagne en tout sens pendant 30 ans, vivant de vols et de pillages, se livrant à toutes sortes de destructions et d’atrocités. L’Allemagne en sortit entièrement dévastée et sa population passa de 16 millions à 8 millions d’habitants. Les estampes de Jacques Callot ont laissé sur ces cruautés un témoignage fidèle.
Cette guerre fut l’occasion de modifications dans l’armement: c’est ainsi que le mousquet remplaça l’arquebuse et que la cavalerie fut débarrassée de ses pesantes cuirasses. Mais l’artillerie, lourde à déplacer, était encore de faible portée.
Au début, le conflit fut la suite des luttes religieuses du siècle précédent consécutives à la Réforme. La paix d’Augsbourg, intervenue en 1555, n’était pas respectée: des prélats catholiques continuaient à passer à la Réforme et sécularisaient à leur profit les biens d’église. D’autre part, cette paix ne reconnaissait pas le calvinisme, qui s’était répandu dans la région rhénane. Enfin, la Contre-Réforme, sous l’impulsion des jésuites, avait restaurée le catholicisme dans plusieurs états, dont la Bavière et la Bohème, menaçant les autres états protestants. Avec l’avènement en 1619, de Ferdinand II comme empereur du St Empire romain germanique, le conflit ne tarda pas à devenir politique.
Catholique intransigeant, Ferdinand II nourrit l’ambition, non seulement de rétablir l’unité religieuse dans ses états, mais aussi de faire de l’Empire une monarchie centralisée. Les 35 principautés et villes libres qui constituaient l’Empire défendirent leurs « libertés » contre l’extension du pouvoir impérial. Cette même prétention constituait un danger pour la France, comme au temps de Charles Quint, et pour l’écarter, elle se posa en défenseur des « libertés germaniques ».
Principaux évènements: Un temple ayant été fermé à Prague et le culte protestant interdit dans la ville, le palais royal fut envahi le 23.05.1618 et deux lieutenants-gouverneurs furent défenestrés. Cette « défenestration de Prague » donna le signal de la lutte. La couronne de Bohème étant élective, les nobles tchèques prononcèrent la déchéance du roi Ferdinand II et le remplacèrent par l’électeur palatin Frédéric IV, qui accepta et fut couronné à Prague à l’automne 1619. Ferdinand II, prit à son service l’armée bavaroise de Tilly, qui écrasa les tchèques à la Montagne Blanche le 8.11.1620.
Une répression féroce s’en suivit: le royaume devint possession héréditaire des Habsbourg, la religion protestante fut proscrite, la langue allemande substituée à la langue tchèque, les chefs de guerre furent décapités, des milliers de familles chassées du pays et une aristocratie foncière allemande s’installa sur les terres confisquées aux nobles rebelles.
De plus, Ferdinand II déclara l’Électeur palatin déchu de ses titres et de ses biens, qui furent donnés au duc de Bavière. Dès lors, tous les princes protestants de l’Empire se sentirent menacés et ils firent appel au roi du Danemark Christian IV.
Ferdinand II engagea un chef de mercenaires, Albrecht von Wallenstein, qui recruta 30 000 hommes, battit les danois, qui durent signer le traité de Lübeck en mai 1629. Grisé par sa victoire, l’empereur promulgua l’édit de Restitution, d’après lequel les terres d’église sécularisées depuis 1533 devaient être restituées, et il chargea Wallenstein d’en assurer l’application.
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